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Rotatzia

Puis les douze tribus d’Israël rentrèrent en elles mêmes et se livrèrent au seul loisir devant l’Éternel, la knessetologie.

- à l’inverse de beaucoup de partis centristes et libéraux du passé (Gil cette fois-ci, le Shinoui la précédente, et d’autres), Kadima s’ancre dans le paysage politique israélien et fait mieux encore, en demeurant la force majeure. Livni emporte au finish les élections et réussit ainsi, à titre personnel, son OPA sur la Maison Sharon (fondateur), Olmert (successeur) & Companie, politique centriste en gros.

- c’est la victoire des droites. L’ensemble de l’électorat est entraîné par un effet de vases communicants. L’extrême droite est désormais dominée par le vrai gagnant, la formation russophone Notre Maison Israël et son leader, troisième force du pays avec un leader maximo — Avigdor Lieberman — et un vigoureux discours laïque (bouffe-cochon) et anti-arabe. Netanyahou rate de peu la victoire, mais capte un quart de l’électorat, dans un contexte de tension sécuritaire ravivée. La gauche sioniste (travaillistes et pacifistes de Meretz) est laminée, son électorat «votant utile» c’est-à-dire Kadima, qui limite donc pour l’essentiel la casse. (pour ce qui les concernent, les listes «arabes», dans leur variété, progressent.)

- la complexité de l’équation politique est grande, même dans les standards élevés de la Knesset. Livni clame sa victoire, et de ce fait refuse (à ce stade) toute formule d’union nationale (Kadima + Likoud + HaAvoda + qui veut) qu’elle ne conduirait pas elle-même. Elle pose l’alternative: moi comme chef, ou bien la droite mais sans Kadima. En face, Nétanyahou continue de pointer la victoire de son camp (la droite), ne pouvant revendiquer celle de son parti (le Likoud); à ce titre, il revendique la primature pour lui-même comme durant toute la campagne. Reste qu’une coalition des droites laïques (Likoud, Beitenou) et religieuses (Shas, MafDaL/Foyer juif, Judaïsme unifié de la Torah, Union nationale), si elle est majoritaire sur le papier, est rendue improbable a priori, et serait précaire en pratique, du fait des détestations entre les religieux et Lieberman. Ce dernier a été qualifié de «démon» par le Shas (pourtant une formation «modérée»), qui voit en lui le fourrier des calamités séculières (mariage civil, charcuterie, etc.). La presse française a d’ailleurs complétement raté cet aspect-clé de la question, ne traitant que le discours outrancier de Lieberman sur les Arabes israéliens.

- Au bout du bout du compte, Israël pourrait, comme devant, hériter d’un gouvernement bancal et temporaire, typiquement une majorité large à base Kadima + Likoud,  mais explosive (détestation Livni / Netanyahou, autres sous-détestations assorties) et soudée par un deal faustien improbable. On reparle de la «rotation», la formule trouvée entre les travaillistes Mapai de Peres et les conservateurs Likoud de Shamir en 1984/1988: Premier ministre deux ans chacun à tour de rôle. Un peu comme le condominium PPE/PSE à Strasbourg.

- On parle de relever le seuil de représentation à la Knesset (2% des voix actuellement).  Dites juste : «non».

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Edit: Idan STAPS me signale qu’en fait, l’Union nationale inclut des religieux effrayants (y compris un kahaniste, Michael Ben-Ari, du parti Eretz Yisrael Shelanu). Le leader de l’Union,Ya’akov Katz (du sous-parti Moledet), est également un religieux. Uri Ariel (Tkuma) est un colon dont la foi apparaît presque modérée en comparaison, Aryeh Eldad (HaTikva) un autre colon extrémiste anti-palestinien, son mini-parti est qualifié de «laïque».

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