Freedonia

«So we beat on,…»

Freedonia, l’intermittente du spectacle, a traîné à reprendre ses émissions. Ma mémoire a longtemps tourné autour d’une blague vraiment très drôle, ou était-ce outrée, de François B2 ; sans la retrouver. Et puis l’eau à coulé sous les ponts, et j’ai eu la tête sous l’eau, et autre métaphores valides tant que j’ai été en Ruritanie.




A1: En août, nous avions visité la patrie de Rob, la Nouvelle-Angleterre rurale, gothique et immuable comme une carte postale. Ou dissimulatrice en pleine lumière, comme «la Lettre volée». Les gares émergent de posters civiques de Norman Rockwell, on fend en SUV les champs de bataille de la Guerre d’indépendance, et les grenouilles perchées dans des arbres gigantesques coassent gigantesquement, invisibles, dans la nuit moite, maudite et effrayante. On est à la fin du monde ou dans «Magnolia». Comme dans une photo de Gregory Crewdson, ou simplement «Desperate Housewives», toutes les turpitudes peuvent se cacher derrière les jardinets de ces maisons trop grandes. On fait des barbecues entre voisins.
A2: A Yale, j’avais recroisé Gerald Murphy, je lisais «Great Gatsby» et Graham Greene.
A3: Des amis de Rob nous avaient accueilli, des gens érudits, doux et drôles, avec des animaux déjantés. On s’était promenés dans la ville universitaire et sur le campus, idyllique et impossible, une thébaïde de jeunes mangeant bio, «ce côté du paradis».
B1: A New York, Rob voulut voir mille et une choses, ses amis, toute son ancienne vie d’outre-Atlantique, et les nouveautés encore.
B2: SophCo, elle, ne se départit pas de sa placidité, allant de Bacon à B&H, de K-Town au Village à Billieburg, mais point trop vite.
B3: (Ici, remarque scandaleuse de François B2 sur les minorités asiatiques, rendue hilarante par l’abus de sake.)
C1: Et c’était toujours un plaisir d’arpenter l’West Side, de dénicher des boutiques à attrapes-poussières, d’engouffrer sushis et eggcream.
C2: J’avais pris des chambres dans des bed-and-breakfasts improvisés. Du haut de l’hôtel de SophCo, on embrassait les toits, le panorama unique dominé l’Empire State Building, le haut rêve new-yorkais. Du bas de mes chambres, on saisissait ce rêve affrontant pied-à-pied la réalité : le manège au plafond du loft du coiffeur branché, en partance pour Reykjavik ou Berlin, qui accueillait aussi un studio de photo coquines; la tanière intello et compacte, un peu vétuste, du jeune apprenti-acteur ashkénaze de l’East Village.
C3: A Philadelphie, on avait pris des cheesesteaks chez Pat’s, pas chez Geno’s, l’ami des flics et l’ennemi des autres dont les étrangers et Mumia. Flics qui, d’ailleurs, avaient mis une contredanse à Rob, car son New Jersey minéralogique est un peu le 78 de l’Amérique. Le centre-ville restait, par endroits, frappé de prescription, usé, poussiéreux, sinistré, avec la vérité pourtant et la grâce de la résilience, du passé qui tarde à disparaître tout à fait. Un peu plus loin, des baraques militaires jadis squattées étaient devenues des maisons de ville pour bobos.
D1: Rien ne sert de visiter une ville pour la découvrir; il faut pour cela la retrouver. Car on fait alors l’économie des passages obligés, du «tour», des lieux communs; on la voit dans son particulier.
D2: Lenny était seul, toujours un dandy, un prince à Forrest Hill. Il se défaisait en hâte de vieilles cravates, de beaux stylos, jetant le superflu comme un lest dangereux.
D3: Je repris ensuite le chemin de La Hague et les vacances furent bien finies.

Tags: , , , , , , ,

One Response to “«So we beat on,…»”

  1. clochette

    Hurray, Freedonia is back on! I missed it!
    Et si tu quittes La Haye, je quitte Amsterdam…
    A bientot…

Proudly powered by WordPress. Theme developed with WordPress Theme Generator.
Copyright © Freedonia. All rights reserved.