Freedonia

Le sixième cercle de l’Enfer

Freedonia, le tweet du fiasco inéluctable, est heureuse de reprendre ses émissions après cet intermède footballistique. D’autant que l’Algérie a pris une grosse veste en Coupe du monde alors pas de quoi pavoiser.

Aux Pays-Bas, les divisions sur la prorogation du contingent en Afghanistan avaient précipité la rupture de la coalition «sociale-chrétienne»: l’Appel chrétien-démocrate CDA (parti du Premier ministre sortant, Jan-Peter «Harry Potter » Balkenende) et le petit parti boutiniste de gauche ChristenUnie (tout à la fois progressiste sur les impôts et les immigrés, et ultraconservateur sur les mœurs et l’Europe) étaient pour, les blairistes PvdA contre, et démissionnèrent en février. Opération gagnante pour eux, qui leur a permis d’effacer dans les urnes des élections anticipées, une longue descente aux enfers sondagière, tandis que le CDA se prend sa pire veste électorale ooit. ChristenUnie, en dépit d’un nouveau logo simplifié et décennal, et de sondages encourageants, se tasse.

A gauche, beau score de Groenlinks (les Verts) mais perte de vitesse du Parti socialiste (gauche radicale et eurosceptique, ex-maoïste), qui n’a plus son leader charismatique pour chasser sur les mêmes terres populistes que Wilders. Le Parti pour les animaux garde ses deux élus (mais seulement une bimbo pentecôtiste sur les deux choisies en 2006).

A droite, le parti anti-Islam de Geert Wilders, le PVV, réalise également une forte poussée mais sans conserver la première place que lui promettaient les instituts au moment de la convocation des élections. Il dépasse toutefois le CDA — il faut comprendre la violence historique de l’événement, le CDA et ses partis fondateurs ayant été de toutes les coalitions depuis 1946, sauf pendant 8 ans. Gagnant du transfert de voix, et des élections tout court, le parti libéral VVD. Héritier de Bolkestein, il était mené à la bataille par le sémillant Mark Rutte, le Nick Clegg batave si l’on veut, et probable futur chef du gouvernement.

Sauf qu’aux Pays-Bas, construire une route, rendre un rapport du Conseil économique et social, se voir pour prendre un verre, former un gouvernement: tout cela se négocie dans la durée. On en est au stade des informateurs (la reine a d’abord nommé un vieux sage libéral pour savoir qui voudrait faire quoi avec qui). Après, elle nomme (normalement) un formateur (un wannabe Premier ministre), mais ça peut pédaler dans la semoule, elle peut nommer un autre informateur (ce qu’elle a fait: un vieux sage travailliste), ou toutes autres options (partir en vacances, changer de chapeau).

Au soir des élections, trois coalitions avaient été envisagées:
- «Violette-plus» (Paars Plus, violette sur le camembert), c’est à dire PvdA (rouge), VVD (bleu), le petit parti social-libéral europhile d’appoint D66 (qui s’est un tout petit peu requinqué, mais moins que dans ses ambitions), déjà alliés «Violets» dans les années 1990, plus les écologistes de gauche Groenlinks pour trouver une majorité. Exemple de difficulté: marier les postures anti-nucléaires et pacifistes de Groenlinks, et les idées contraires du VVD. Le VVD ne semble pas emballé, mais l’informateur actuel fut l’accoucheur de Paars en 1994.
- de droite (rechtscoalitie, bleue sur le schéma) avec le VVD, le CDA, le PVV de Wilders, et le mini-parti calviniste orthodoxe SGP (Parti constitutionnel reréformé). Le SGP a toujours, toujours deux élus, et ferme son site internet le dimanche pour honorer le Seigneur. Il est également de droite (contrairement à ses demi-frères de Christenunie) et europhobe (comme lui). Difficulté: le CDA apparaît comme le gros loser et faire la courte échelle à Wilders présente quelques inconvénients (même si ce petit monde a gouverné avec Pim Fortuyn en 2001).
- du milieu (middencoalitie, jaune sur le diagramme), l’option bayrouiste du cru: VVD, PvdA, CDA, qui a l’avantage d’une large majorité et l’inconvénient des divergences idéologiques, et de renforcer le discours tribunitien de Wilders (ainsi que du SP et, dans un autre genre, de D66).

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui!
Princesses, duchesses, femmes du monde,
nous sommes les gardiennes
du bon goût (bis)

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